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Un regard de l’extérieur

Arturo: Un regard de l’extérieur…

Localisation: Fribourg, Allemagne

Organisation: Color Esperanza e.V.

Avant mon service volontaire, j’avais participé au Pérou à des programmes pour la création d’entreprises qui étaient dans l’air du temps à l’époque. C’est là que j’ai appris combien la croissance économique et le libre-échange, mais aussi les investissements étrangers étaient importants pour le développement d’un pays et le bien-être de la population. J’ai suivi à la télévision les informations sur les conflits miniers au Pérou et j’étais convaincu que derrière les revendications des protestataires se cachaient des intérêts politiques plutôt hostiles au progrès. C’est dans ce contexte que j’ai posé ma candidature auprès de Color Esperanza e. V. et l’archevêché de Fribourg-en-Brisgau afin de travailler pendant un an en Allemagne, dans un pays «développé».

De nouvelles expérience politiques …

Je n’ai pas effectué mon service volontaire dans l’une de ces deux organisations mais dans l’organisme Eine Welt Forum Freiburg , réseau pour la promotion d’un développement mondial équitable et durable. Dès ma première semaine de travail, j’ai participé à une conférence Degrowth à Leipzig. Les discussions ont porté sur les conséquences de la croissance économique sur la société et l’environnement. Au lieu de porter son regard sur le traitement de problèmes tels que la pénurie de ressources, la pollution de l’environnement et la pauvreté, il a été suggéré lors de la conférence de remettre en question le dogme de la croissance économique afin de prévenir ces problèmes, et ce dans une perspective anticapitaliste.

Au cours des premiers mois, j’ai rencontré quelques difficultés pour trouver mes repères. J’ai participé à des manifestations, à des actions et à des salons, étant entendu que l’on m’a expliqué que je n’étais pas obligé d’y participer si je n’étais pas d’accord. Au cours de ces actions, j’ai aussi rencontré de «fervents opposants au système» qui se plaisaient à avoir une attitude rebelle. Au Pérou, nombre de ces petits groupes seraient traités différemment par la police: ils seraient arrêtés, ils feraient l’objet d’enquêtes et on les assimilerait sciemment à des groupuscules terroristes cherchant soi-disant à déstabiliser le pays. C’est donc là que j’allais me retrouver durant le reste de l’année.

il a d’abord fallu que j’aille à l’étranger pour apprendre que de nombreuses populations autochtones sont chassées par l’industrie pétrolière, que les projets miniers et les grandes entreprises exercent une pression sur l’État.

… entrainent un changement de perspective.

Fribourg m’est d’abord apparu comme une petite bulle verte dans laquelle les gens se déplaçaient en vélo, exploitaient des installations solaires, achetaient des produits bio et issus du commerce équitable, mangeaient de la salade et voulaient sauver le monde. Au fur et à mesure, j’ai bien sûr compris que Fribourg n’était pas comparable à toute l’Allemagne: c’est simplement la partie de l’Allemagne que j’ai appris à connaître.

D’autre part, j’ai aussi beaucoup appris sur le Pérou: il a d’abord fallu que j’aille à l’étranger pour apprendre que de nombreuses populations autochtones sont chassées par l’industrie pétrolière, que les projets miniers et les grandes entreprises exercent une pression sur l’État. Ainsi, une vidéo présentant des agriculteurs qui protestaient comme des criminels contrairement à la réalité des faits a été diffusée durant cette période. Dans mon entourage au Pérou, on ne parlait pas de ce contexte. Cela a également entraîné chez moi un changement de perspective. Dans une ville où la gauche représente une force politique importante, j’ai constaté que les gens de gauche n’étaient pas des terroristes.

Arturo avec un ami. En leur milieu, ils tiennent une lampe en forme de globe.
Arturo a rencontré des nouveaux amis.

Depuis mon retour, je m’engage beaucoup en faveur des droits humains et je pratique une consommation responsable, ou je m’y efforce tout du moins.

Commencer par soi-même.

Vivre et travailler pendant un an avec Claudia, Barbara, Thomas, Dagmar et Susann ainsi qu’avec tous mes collègues m’a montré qu’il était important de vivre en accord avec ses propres convictions, et que mes agissements dans un pays pouvaient avoir des effets sur les gens dans un autre pays. Mais cela m’a surtout montré que les changements peuvent commencer à mon niveau personnel et à celui de mon entourage immédiat.

Depuis mon retour, je m’engage beaucoup en faveur des droits humains et je pratique une consommation responsable, ou je m’y efforce tout du moins. De plus, nous avons décidé avec d’autres volontaires de retour de nous engager plus fortement pour la réalisation de la composante Sud-Nord. C’est ainsi que nous avons créé l’association de volontaires de retour Yanapachikun Immer (Quechua / en français: Toujours aider). Nous nous intéressons à la protection de l’environnement et nous avons beaucoup d’idées et de projets que nous souhaitons faire avancer.

Ma conclusion personnelle.

Quelle a été finalement l’importance du programme weltwärts dans ma vie ? weltwärts a créé l’espace et les conditions pour vivre cette année-là en Allemagne, faire la connaissance des gens que j’ai rencontrés, commettre les erreurs que j’ai faites et prendre conscience du fait que mon point de vue ne représentait qu’un seul point de vue parmi beaucoup d’autres. Mais d’autres personnes ont également fait ma connaissance, je leur ai appris certaines choses et ils ont fait des erreurs avec moi et ont pris conscience du fait que leur point de vue ne représentait qu’un seul point de vue parmi beaucoup d’autres.

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